Autour de chez nous

Plus de vingt sièges et d'une centaine d'assauts n'ont pu avoir raison de Saint-Flour, citadelle imprenable qui a pu conserver intact son patrimoine historique dans un environnement naturel magnifique, propice aux promenades et à la rêverie. Il faut arriver par l'Est pour embrasser du regard toute la beauté du site, perché à 881 mètres et voir surgir, au-dessus des escarpements rocheux, le joli village de Saint-Flour, dominé par les tours massives de sa cathédrale. Des remparts qui longent l'arrête du rocher sur laquelle est perché Saint-Flour et dont la partie supérieure a été démolie pour être remplacée par des maisons, toutes les rues convergent vers la place d'Armes. Le charme de Saint-Flour agit au fur et à mesure que vous en pénétrez le cœur. Les maisons en pierre de basalte, une pierre volcanique, ont un charme particulier et beaucoup d'entre elles cachent dans leurs murs des détails sculptés qui témoignent de la richesse passée du village qui fut la capitale, épiscopale et consulaire, de la Haute-Auvergne, comptant alors plus de 7 000 habitants. De cette époque faste, la cité a gardé de prestigieux bâtiments comme la Maison consulaire dont la façade est une merveille architecturale de la Renaissance et qui abrite aujourd'hui le passionnant Musée d'Art et d'Histoire Alfred Douët. La cathédrale Saint-Pierre du XVème siècle, qui renferme de très beaux vitraux et un Grand orgue remarquable, qui jouxte l'ancien Palais Épiscopal, siège du musée de la Haute-Auvergne. Un peu plus loin, des escaliers baptisés le "Chemin des Chèvres" permettent de rejoindre la ville basse par quelques 300 marches. L'exploit sportif est récompensé par les magnifiques points de vue sur le plateau de la Chaumette, dont les grottes situées en contrebas servaient au XIVème siècle de mouroir aux pestiférés chassés de la ville, et les vestiges des remparts. Vous arrivez ainsi près de l'église Sainte-Christine dont le clocher domine le faubourg, près du quartier des Verdures, du nom des tapisseries dont les teintes dominantes étaient le vert et le bleu. De là, vous voyez le pont vieux duquel des recluses se faisaient volontairement enfermées dans des cachots en encorbellement sur l'Ander afin de protéger la ville de leurs prières. Oubliés ces temps obscurs, une balade le long de la rivière est des plus bucoliques. Mais d'autres trésors vous attendent dans la ville haute que vous devez rejoindre par le même chemin - cela muscle les mollets - l'église Saint-Vincent, un très bel ouvrage gothique ou encore la halle aux blés superbement restaurée ou le monument dédié à Georges Pompidou qui fut député de la cité. Mais ce tourbillonnant voyage au cœur de l'histoire ne doit pas vous faire oublier que la cité est enchâssée dans un site magnifique dont les envoûtantes gorges de la Truyère. Les sentiers de découverte des Pays de Saint-Flour sont autant d'occasion de pénétrer plus avant l'âme de cette région gourmande.

Sur sa colline rocheuse, à 950 mètres d'altitude, Salers surplombe les vallées de l'Aspre, la Maronne et le Rat. Les Monts du Cantal avoisinants l'enserrent doucement, la protègent. Perle noire dans un panorama de verdure, elle se situe à l'entrée du Parc naturel régional des volcans d'Auvergne . Véritable témoignage de l'époque médiévale, la ville a conservé ses remparts, son église et ses demeures du XVème siècle. Autant de monuments rejoints par la suite de maisons Renaissance, témoins du savoir-faire des bâtisseurs du passé. Et de l'histoire de ce village, tour à tour pôle commercial, judiciaire et religieux. Tout amateur d'univers lointain ou de voyage dans le temps appréciera Salers. En s'y baladant, on est comme transporté au XVIème siècle, avec ses hôtels particuliers et ses maisons à tourelles en pierre volcanique. Laquelle donne au village ce charme désuet, légèrement austère, qui ne laisserait pas présager des trésors qu'il renferme... Telles, au sein de l'église Saint-Mathieu, cinq tapisseries d'Aubusson du XVIIème siècle ! Rien d'étonnant à que cette cité cantalienne soit classée parmi les Plus Beaux Villages de France. Son environnement privilégié, alternant entre vallées glaciaires, forêts, herbages ou landes montagnardes à genêts en a fait le territoire privilégié pour développer une race bovine : la vache de Salers. Reconnue dans le monde entier, elle fait la fierté des éleveurs locaux, avec sa robe de couleur brun-acajou, ses poils longs et frisés, et ses longues et fines cornes en forme de lyre. Charpentée et bonne grimpeuse, elle résiste aux conditions de vie rustiques de l'Auvergne et des Monts du Cantal en particulier. Cette race a l'avantage d'être mixte, c'est à dire productrice à la fois de viande et de lait de qualité. Car avec le Cantal, le Saint-Nectaire, la Fourme d'Ambert, et le Bleu d'Auvergne, le Salers est l'un des 5 fromages AOP du territoire cantalien. Qui se rend à Salers ne peut passer à côté de la découverte de ce patrimoine artisanal autour de la race Salers. Déjà, au travers des burons qui subsistent ça et là. Lesquels étaient encore utilisés jusqu'aux années 1960 pour la fabrication du fromage durant l'estive (de mai à octobre). Désormais, auberges, musées, ou encore fromageries vous ouvrent leurs portes dans ces anciens burons, héritage de dur labeur et du pays façonné par les hommes et les bêtes. De quoi faciliter la visite culturelle ! Les producteurs et acteurs locaux l'ont bien compris, qui tirent particulièrement bien leur épingle du jeu touristique autour de concepts hôteliers ou encore écologiques (ou les deux), toujours plus ludiques. Salers tire aujourd'hui l'essentiel de sa réputation et de son attrait de ses troupeaux. Viande et fromage issus de cette race bovine font toute la saveur des produits locaux. Servis sur toutes les tables, cuisinés, accompagnés de potées, truffades, patranques (variante avec du pain sec revenu dans la tome) ou tripoux. Et après avoir bien ripaillé, quoi de mieux qu'une balade digestive voire une belle randonnée sur les nombreux sentiers alentours ? Ou peut-être une activité sportive sur les reliefs accidentés ? La visite de l'un des nombreux châteaux ou églises romanes environnants ? Une excursion en montagne ? Une sieste au milieu des gentianes (et qui sait, peut-être, des chamois, mouflons et marmottes) ? En somme, il y a tant à faire et à découvrir à Salers et dans ses environs, en termes de richesses architecturales, patrimoniales, artisanales et gastronomiques... Il serait dommage de ne pas s'y arrêter pour découvrir la convivialité de ce pays auvergnat.

La vallée de la Jordanne n'est certes pas l'unique vallée des Monts du Cantal, mais c'est sans doute la plus remarquable. Avec des passages à 60 mètres de profondeur par endroit, le sentier de randonnée ravira les marcheurs, qui, en plus du côté aventure, sauront aussi apprécier les cascades de Chaumeil ou longer les via ferrata et l'ensemble du paysage auvergnat qui s'offrira à vous.